Publié en accord avec l’agence IEOM de Wallis et Futuna.
Le PIB de Wallis et Futuna s’élève en 2005 à 18 milliards de CFP soit environ 1,2 millions de F CFP par habitant - environ 10 000 euros. Parmis les collectivités d’outre mer, ce montant situe l’archipel juste en dessous de la Guyane (80% du PIB/hab guyanais) mais très loin de la moyenne nationale (37%). L’écart est d’autant plus marqué que le poids de l’administration dans le PIB est fort (près de50% de la valeur ajoutée provient des services administrés).
Dans la zone pacifique, la situation de l’archipel est médiane. Si le PIB par habitant de Wallis et Futuna ne représente que 45% du PIB/hab calédonien et 59% du PIB Polynésien, il est en général nettement supérieur à celui des autres Etats et territoires de la zone. Dans les collectivités d’outre-mer, seule Mayotte crée moins de richesse par habitant.
L’économie wallisienne, refermée sur elle-même, se caractérise par une part importante de revenus produite par les ménages. L’économie de Wallis et Futuna est restée traditionnelle et est faiblement monétarisée. L’autoconsomation y est donc importante, elle représente 26% de la dépense totale des ménages. La dépense publique à travers les salaires distribués, est aussi un élément moteur de l’économie alors que la part du secteur privé reste très faible. Les exportations sont quasiment inexistantes du fait de l’éloignement de marchés potentiels et le tourisme est peu développé. L’activité économique (hors administration publique) se focalise sur l’agriculture, le BTP et le commerce.
Comparée aux collectivités d’outre-mer et aux Etats et territoires de la zone Pacifique Sud, la situation de l’archipel, en terme de PIB par habitant, apparaît médiane. Beaucoup plus riches que les petits états de la zone, elle est par contre généralement largement devancée par les îles le plus importantes et par la plupart des collectivités d’outre-mer (mis à part Mayotte dont le PIB par habitant était de 0,5 millions de F CFP en 2001). En 2005 avec 1,2 millions de F CFP pqr habitant, le territoire de Wallis et Futuna atteint 80% du PIB/habitant du département d’outre mer le moins riche (chiffre 2003 pour la guyane) mais il est en moyenne deux fois inférieur à celui observé dans les collectivités françaises du Pacifique. Cette comparaison ne tient cependant pas compte des différentiels de prix pouvant exister entre ces différents territoires. Il convient donc de la relativiser
Une situation médiane dans la zone
PIB à prix courants par habitant en milliers de F.CFP | PIB à prix courants par habitant en milliers d’euros | |
---|---|---|
Wallis et Futuna - 2005 | 1211 | 10,1 |
Nouvelle Calédonie (2006e) | 2713 | 22,7 |
Polynésie française (2004) | 2039 | 17,1 |
Martinique (2005) | 2143 | 18,0 |
Guadeloupe (2005) | 1934 | 16,2 |
Réunion (2005) | 1847 | 15,5 |
Guyane (2003) | 1477 | 12,4 |
Mayotte (2001) | 473 | 4,0 |
France (2005) | 3254 | 27,3 |
Australie (2006) | 3430 | 28,7 |
Guam (2000) | 2877 | 24,1 |
Nouvelle-Zélande (2006p) | 2348 | 19,7 |
Iles Cook (2005) | 875 | 7,3 |
Niue (2003) | 621 | 5,2 |
Palaos (2003) | 547 | 4,6 |
Iles Fidji (2005) | 291 | 2,4 |
Iles Marshall (2004) | 228 | 1,9 |
Tuvalu (2002) | 218 | 1,8 |
Etats Fédérés de Mirconésie (2005) | 213 | 1,8 |
Samoa (2004) | 201 | 1,7 |
Tonga (2004) | 171 | 1,4 |
Vanuatu (2003) | 150 | 1,3 |
Papouasie-Nouvelle-Guinée (2002) | 83 | 0,7 |
Kiribati (2004) | 77 | 0,6 |
Iles Salomon (2002) | 45 | 0,4 |
Source : Iedom, Isee, Insee.
Le PIB de Wallis et Futuna est essentiellement non marchand (près de 75% de la valeur ajoutée totale). Dans les autres collectivités d’outre-mer le PIB non marchand ne représente en général qu’un tiers du PIB total, avec des taux tout de même plus importants en Guyane et à Saint-Pierre-et-Miquelon ou il peut atteindre la moitié du PIB.
Le poids du non marchand est en fait lié aux deux piliers actuels de l’économie wallisienne, la tradition et l’administration.
Un fait caractéristique du territoire de Wallis et Futuna est l’importance des ménages dans la création de la richesse. En effet, le poids de la valeur ajoutée des ménages (hors entrepreneurs individuels) est deux fois plus important dans la valeur ajoutée globale que dans les autres collectivités d’outre-mer. Même à Mayotte, ou le PIB/hab est moins important, la prépondérance de la valeur ajoutée générée par les ménages est moins forte. L’économie est restée très traditionnelle et elle est peu monétarisée. L’effet de la richesse relative n’explique donc pas à elle seule le recours à l’autoconsommation.
L’ensemble de l’autoconsommation (alimentaire et non alimentaire) représente 40% de la consommation des ménages et un peu plus d’un quart du PIB.
Répartition de la valeur ajoutée : 2 fois plus de valeur ajoutée pour les ménages.
Soucre : Iedom, Insee
L’autoconsommation alimentaire rprésente les deux tiers de la consommation de ce type de produits et est un moyen important de réduction des inégalités sur l’archipel. Elle constitue, à elle seule, un cinquième de la consommation totale des ménages avec 2,3 milliards de F CFP. Les deux tiers des ménages pratiquent l’autoproduction de produits alimentaires. La culture de tubercules et la pêche représentent plus de 50% de l’autoconsommation.
Mais l’autoconsommation ne se limite pas à la production de produits agricoles, à l’elevage et à la production de services de logements générée par les propriétaires occupants. Sur le territoire, peu de logements sont dédiés à la location. D’après le recensement de 2003, les habitants de l’archipel sont à 87,5% propriétaires de leur logement contre un peu plus de 50% en métropole. Les locataires n’occupent que 9,3% des residences principales et 3,1% de celles-ci correspondent à des logements gratuits.
Les loyers fictifs (dans la méthodologie de la comptabilité nationale, loyers que se versent "fictivement" les propriétaires occupants) sont donc importants et viennent amplifier le poids des ménages dans l’économie.
La seconde caractéristique de l’archipel de Wallis et Futuna est l’importance du secteur des administrations publiques. Plus de 70% de l’emploi salarié déclaré provient de la fonction publique ou semi-publique et cette dernière est la source de près de 75% des salaires distribués (déclarés ou non).
La fonction publique soutient donc de manière importante l’economie, la demande publique (consommation + investissement) représentant 54% du PIB.
Les transferts en provenance de la métropole sont essentiels car les ressources de la Collectivité Territoriale de Wallis et Futuna sont faibles. Ces dernières sont principalement constituées des recettes douanières, en l’absence d’impots sur le revenu et sur les bénéfices. Ces recettes douanières représentent plus des trois quarts de l’ensemble des ressources fiscales mais seulement 8% di PIB et ce malgré un tarif douanier qui est, en moyenne, de près de 30% de la valeur CAF (Cout, assurance, fret) importée. Le taux de prélèvement obligatoires est le plus bas de toutes les collectivités d’outre-mer (23%).
En dépit de son isolement géographique, le territoire de Wallis et Futuna apparait très autocentré. Ainsi le degré d’ouverture vers l’extérieur est très faible (28%), bien en dessous de celui généralement observé dans les autres collectivités d’outre-mer ou encore dans les autres petits états insulaires (ou il est généralement supérieur a 50%).
Si les importations ont un poids plus faible dans le PIB par rapport à la plupart des petits états insulaires, le fait saillant des échanges concerne la balance commerciale qui est structurellement déficitaire en raison d’une quasi-absence d’exportations. L’éloignement de marchés potentiels et la faible compétitivité enmatière de prix en sont les principales raisons.
En 2005 les importations représentaient 4,8 milliards de F CFP et les exportations 11,8 millions de F CFP, soit un taux de couverture des exportations par les importations inférieur à 1%. Ce taux est le plus faible de l’outre-mer français et il est, de plus, surestimé. En effet, le nombre de visiteurs se rendant sur le territoire est faible par rapport au nombre de résidents se déplaçant en dehors de l’archipel. Il est donc probable que les dépenses des résidents à l’extérieur du territoire soient plus importantes que les dépenses des visiteurs à Wallis et Futuna. La prise en compte de cette correction contribuerait encore à la baisse du taux de couverture. Cette caractéristique d’un taux de couverture quasiment nul ne fait cependant pas de l’archipel de Wallis et Futuna un cas unique, notamment dans sa zone. Deux autres territoires du Pacifique Sud partagent cette particularité : Niue et Tuvalu (ce sont d’ailleurs des territoires avec une population inférieure à 15 000 habitants).
Si l’éloignement des grandes routes commerciales explique en grande partie ce résultat pour Wallis et Futuna, il faut aussi ajouter que l’économie wallisienne est entièrement orientée vers la satisfaction de la demande intérieure ce qui explique d’ailleurs la prépondérance du secteur du commerce en terme d’emplois ( plus d’un tiers des effectifs salariés du scteur privé inscrits à la Caisse Locale de Retraite en décembre 2005).
L’analyse des échanges par origine est aussi instructive. Bien que distante de 19 500 kms, la métropole est néanmoins le premier fournisseur du territoire en valuer (plus de 30% des importations). Le deuxième fournisseur en valeur est Singapour : les échanges entre les deux territoires concernent les hydrocarbures, Wallis et Futuna ayant une grande dépendance énergétique. Les produits alimentaires, bien que l’autoconsommation des ménages soit importante, représentent pres de 30% de la valeur des importations.
Les revenus des ménages proviennent en grande partie des revenus d’activité bien que le taux d’emploi soit faible (34%). La structure par âge de la population, caractérisée par une faible proportion de personnes de plus de 60 ans (8,9% contre 20,6% en france métropolitaine), se combine à l’absence sur le territoire de RMI pour expliquer la faible part des revenus sociaux dans le total des revenus. L’importance de l’autoconsommation et la forte proportion d’entreprises individuelles expliquent, elles, la part relativement élevée prise par lexcédent brut d’exploitation et les revenus mixtes dans la formation du revenu des ménages (17% contre 10% au niveau national). Cependant la repartition du revenu est loin d’être égalitaire. Le seuil de pauvreté relatif, qui correspond à la moitié du revenu médian, dépasse le revenu que perçoivent plus du quart des ménages contre 6,5% en France. De plus les deux tiers des ménages ne concentrent qu’un quart de la ressource monétaire totale. La situation en terme de pauvreté et d’inégalité parait proche de ce qui est observé en Nouvelle-Calédonie.
Ménages : Des revenus principalement liés à l’activité
Structure du revenu des ménages | Wallis et Futuna | France |
---|---|---|
Revenu d’activité | 78,4% | 54,4% |
- Salaires | 61,2% | 44,1% |
- EBE et revenus mixtes | 17,1% | 10,3% |
Revenus de remplacement | 8,0% | 26,5% |
Revenus du patrimoine | 13,7% | 19,1% |
Total | 100,0% | 100,0% |
Source : Iedom, Insee (année 2000)
Mise à jour : 21 avril 2010